Vivre sous le regard d’autrui
Rosanne Abdulla
Correspondante du Congrès 2012
Aujourd’hui, on vit tous sous le regard d’autrui. Il est même presque impossible de concevoir une société actuelle où on n’aurait pas la capacité de contacter n’importe quel ami, ou de chercher n’importe quel morceau d’information à un moment donné. Ce sujet important était le noyau de la présentation de Ronald Tetreault, le récipiendaire d’un prix pour sa contribution exceptionnelle à la « Société pour l’étude des médias interactifs » cette année. Sa présentation, intitulée Vivre sous le regard d’autrui : Le sort de la sphère privée dans la culture numérique, avait lieu le 30 mai de 15h30 à 16h30 et touchait à de nombreux idées très captivantes.
Vivant dans un monde tellement ouvert, il n’est pas difficile de voir que chacun de nous se dévoile volontairement chaque jour, et que la ligne entre la vie privée et la vie publique devient de plus en plus indistincte. Tetreault a insisté sur l’exemple des télé-réalités, où les personnages créaient des images parfaitement pertinentes à la façon dont ils désirent être perçus. Ces représentations montrent donc des vies magnifiquement passionnantes, et comme résultat, plusieurs personnes luttent pour que leurs vies puissent ressembler aux celles des célébrités, malgré le fait que ces vies admirables ne sont pas en fait réelles. Aujourd’hui, nos identités ne sont pas toujours les nôtres.
Cependant, chaque personne a quand même la liberté de choisir sa propre identité. En fait, la plupart des gens y réfléchissent beaucoup maintenant car les réseaux sociaux nous poussent à méticuleusement formuler nos profils publics. Notre présence sociale vaut tout. Cela dit, chacun de nous a la possibilité de vraiment considérer comment on aimerait se définir. Cette identité, cette personne à laquelle on songe, deviendra par conséquence l’identité qu’on verra sur l’écran devant nous chaque jour. En projetant ces qualités idéales, on commence à découvrir la puissance et l’autonomie dont on a besoin pour finalement devenir cette personne. On peut donc dire qu’on est en fait une génération qui se connaît très bien.
Enfin, j’ai vraiment apprécié que Tetreault a partagé sa perspective plutôt inspirante sur un sujet que plusieurs personnes aujourd’hui traitent comme une catastrophe. Toutefois, que faire quand les images des victimes des meurtres ou des incendies circulent autour du monde, avant que leurs familles soient même reconnaissantes de la tragédie? Que faire quand on apprend le mariage d’un ami proche seulement en le voyant sur Facebook? De plus, en voyant un message texte, ou même en ramassant des Air Miles, des organisations sont capables de nous situer à cause de ces actions. La société évolue toujours et la vitesse avec laquelle l’information s’étend est incroyable. Selon Tetreault, les réseaux sociaux ne sont plus principalement sociaux : ils permettent plutôt une sorte de publicité personnelle. Il se peut que bientôt chacun de nous aura un code barre que des étrangers puissent scanner pour consulter une description brève de nous, avant qu’ils nous…achètent?
Image grâce à scott_bl8ke sur Flickr.